Cet article se fonde en grande partie sur le rapport de l’Académie Nationale de Médecine du 2 octobre 2018 duquel nous recommandons la lecture tant il est complet, à jour et bien documenté (Arrêt cardiaque subit : pour une meilleure éducation du public).
De quoi parle-t-on ?
L’arrêt cardiaque subit (ACS) peut arriver à tout un chacun, quels que soient son âge, son sexe, sa corpulence, son mode de vie, ses antécédents médicaux… Lorsqu’il survient, la victime s’effondre subitement. Son coeur ne s’arrête pas immédiatement, mais fait brutalement des mouvements anarchiques pendant quelques minutes. Ce phénomène s’appelle la fibrillation ventriculaire.
Le rôle de pompe que remplit le coeur habituellement n’est alors plus assuré et le cerveau n’est plus oxygéné : la victime perd conscience et ne respire pas. Chaque minute qui passe sans massage cardiaque augmente les risques de séquelles. Si rien n’est fait dans les 10 minutes qui suivent, la victime décède. Or, selon la DGSCGC dans son rapport 2017 sur les “statistiques des services d’incendie et de secours”, il s’écoule 13 minutes et 18 secondes en moyenne entre l’appel et l’arrivée des secours.
La survie de la victime dépend donc dans une très large part de l’action des premiers témoins.
Pour se rendre compte des choses, la vidéo ci-dessous présente un cas réel d’arrêt cardiaque soudain sur une plage. Nous prévenons d’emblée qu’elle peut être choquante (même si elle se termine bien pour la victime), mais elle est extrêmement instructive, notamment pour visualiser les symptômes de l’ACS. Les mouvements de la bouche de la victime et le son qui peut en sortir laissent penser que la personne respire. Il n’en est rien. Il s’agit d’un mouvement respiratoire réflexe, appelé gasp. Il est parfaitement inefficace, et il faut savoir le distinguer d’une respiration normale.
En ce qui concerne les chiffres, on compte pas moins de 40.000 arrêts cardiaques subits en France en dehors des hôpitaux. Ils surgissent dans plus de 7 cas sur 10 devant au moins un témoin, mais malheureusement près de 60% d’entre eux ne font rien. Cela a pour conséquence un taux de survie parmi les plus faibles des pays développés : moins de 10%. Il est à noter tout de même que le taux de survie s’améliore depuis ces dernières années, grâce notamment au décret du 4 mai 2007 qui autorise toute personne même non médecin à utiliser un défibrillateur. Malgré ces efforts, il y a 10 fois plus de morts d’ACS que de tués sur nos routes, ce qui en fait un sujet de société majeur.
Ce faible taux de survie n’est pourtant pas une fatalité.
Les expériences dans d’autres pays, notamment dans certains aéroports ou casinos américains, ont montré leur efficacité avec des taux de survie de plus de 50%. Par ailleurs, en France, une étude a montré de fortes disparités des taux de survie entre les départements sur les ACS pendant une activité sportive : de 1% à 40%, preuve qu’il existe des bonnes et des mauvaises pratiques en la matière. Enfin, l’ARS Ile de France estime que le taux de survie optimal des ACS est de 91% s’ils étaient tous traités dans les règles de l’art. Il existe donc bel et bien des leviers permettant d’améliorer très nettement le taux de survie. Nous allons les détailler dans le paragraphe suivant.
Comment sauver plus de vies en France ?
Si nous passons de 10% à 30% de taux de survie, ce qui est peu ou prou la performance des pays scandinaves, ce sont 8.000 vies supplémentaires par an que nous pouvons sauver en France.
La clé réside dans la réalisation immédiate des gestes d’urgence par les premiers témoins, et plus généralement, dans l’efficacité de l’ensemble de la chaîne de survie recommandée par le European Resuscitation Council.
Nous détaillons ci-dessous cette chaîne de survie :
Un levier important pour améliorer le taux de survie en France réside dans la connaissance de cette procédure d’urgence par l’ensemble de la population, et l’assimilation des gestes à effectuer par la pratique. L’académie nationale de médecine rappelle que la formation secourisme idéale est dispensée en face-à-face pédagogique avec une personne compétente (dans l’idéal un formateur habilité), en privilégiant la mise en situation, et enfin par la pratique de la RCP sur mannequin. Ce sont précisément les trois aspects que nous travaillons à travers nos produits YouRescue. Nous pensons qu’il est extrêmement facile désormais pour les entreprises et les collectivités de mettre à niveau l’ensemble de leurs collaborateurs avec les formules de type journée sécurité en réalité virtuelle (40 personnes formées par jour avec 1 formateur et 1 casque de réalité virtuelle). Voilà une action très concrète qui va dans le sens de l’objectif présidentiel, dans son plan « Prévention pour la santé » du 28 mars 2018, de former 80% de la population aux gestes de premiers secours d’ici 2022 (vs. moins de 30% aujourd’hui).
Par ailleurs, comme le souligne l’académie nationale de médecine dans son rapport, « la peur de faire doit être combattue et il faut lever les inhibitions ». Le statut de citoyen sauveteur nouvellement créé devrait contribuer à libérer les sauveteurs de la crainte de poursuite juridique, par l’exonération de toute responsabilité civile en cas d’échec des gestes pratiqués sur la victime. Les courtes expériences en réalité virtuelle telles que celles proposées par YouRescue (5 minutes) devraient contribuer quant à elles à libérer les citoyens de leurs freins psychologiques relatifs à la peur de mal faire, en leur faisant vivre la situation avant même de l’avoir vécue réellement, de façon simple, ludique et accessible à tous.
Enfin, en ce qui concerne l’équipement en DAE, on est passé en France de 4.000 DAE en 2008 à 100.000 en 2018. Ce n’est pas encore suffisant pour assurer une disponibilité immédiate auprès de la population. En effet, les statistiques montrent que dans seulement 1% des cas le premier témoin fait usage d’un DAE. L’équipement obligatoire dans les prochaines années dans les ERP de catégorie 1 à 5, ainsi que la mise en place d’une base de données centralisée des localisations des DAE en France, devraient aider à accroître le taux d’utilisation des DAE par les premiers témoins. Ceci devrait contribuer à améliorer le taux de survie car le cœur ne repart jamais sans un DAE. Il a besoin de recevoir un choc électrique que délivre le DAE (de manière automatique ou de manière semi-automatique selon les modèles), pour arrêter le rythme désordonné provoqué par la fibrillation ventriculaire, dans l’espoir qu’il se remette à battre normalement.